Bonjour Benoît, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis la 5ème génération de la famille, j'ai 29 ans et j'occupe actuellement le poste de Maitre de Chai. Pour vous parler de mon parcours, j'ai fait un BAC STAV (science technique de l'agronomie et du vivant). Après mon BAC, je ne savais pas trop vers quelles études me tourner, j'ai donc rejoint le domaine familial. J'ai commencé en tant que caviste, j’ai aussi accompagné ma mère dans le suivi des vignobles et à la sélection des vins. J'ai pris goût à la dégustation et, ce déclic m'a donné envie de reprendre des études. Je me suis orienté vers un BPREA (Brevet Professionnel Responsable d'Entreprise Agricole) à Carpentras, puis, pour finir, je suis allé à Montpellier pour suivre un BTS Viticulture-Œnologie. Tout au long de ces études, j'ai perfectionné mes techniques de dégustation et ma passion n'a fait qu'accroitre. C'est fin 2018 que je suis rentré "officiellement" dans l'entreprise familiale en occupant un poste à responsabilités. Pour tout vous dire, depuis petit je suis dans les vignes, j'accompagne mes parents dans les domaines, mais, ce qui m'a vraiment donné envie de faire ce métier, c'est la partie vinification, la dégustation.
Comment te sens tu dans le rôle de Maitre de Chai ?
J'occupe ce poste depuis 2020. C'est un métier que j'adore car nous sommes en lien direct avec le vin ! C'est là que l'on décide de la vinification, de l'élevage, de l'assemblage ; chaque décision est importante car elle a un impact direct sur le résultat final. On a une influence sur le vin et, c'est quitte ou double, mais c'est aussi ça qui est challengeant.
Nous avons interviewé ta mère, Christine Brotte, il y a quelque temps, elle nous a parlé de son évolution au sein de l'entreprise, mais aussi de son passage par ce poste de Maitre de Chai. Quels sont les enseignements que tu as tirés d'elle ?
Ma mère m'a transmis un vrai savoir-faire ancestral. Elle m'a donné sa passion pour la dégustation, des connaissances sur les vignobles. Ce que je retiens surtout, c'est son management. Dans ma vie privée je suis assez désordonné, alors que dans ma vie professionnelle, c'est tout l'inverse, et ça, c'est ma mère qui me l'a enseigné. Elle m'a appris à m'organiser, à être un bon gestionnaire, à être exigeant sur la qualité des vins.
Quels changements/innovations as-tu mis en place à la cave ?
Je pense avoir apporté un travail de précision sur les vins. Non pas que nous ne l'étions pas avant, bien au contraire, le monde du vin évolue très rapidement, c’est une adaptation en continu que nous faisons si nous voulons faire progresser la qualité de nos productions. L'idée était d'apporter plus de finesse aux vins, de fraîcheur, pour cela nous nous sommes adaptés et avons mis en place des process spécifiques sur chaque vin.
Aussi, nous pouvons parler de Cap Excellence : c'est un projet pour nos vins de domaines qui a commencé en 2021. Ca nous a permis de faire un état des lieux de notre process afin de nous améliorer et de franchir un cap dans l'excellence justement. Par exemple, nous avons évolué dans le processus de vendanges, les températures sont de plus en plus élevées et pour s'adapter à ce changement climatique nous avons mis en place le transport et le stockage en camion frigo afin de garder la fraîcheur de nos raisins. Nous avons aussi fait le choix de contenants plus neutres pour le vin comme des amphores ou des cuves béton brut. Tout ce travail nous a permis de créer une identité plus forte sur chaque cuvée. Sur les 4 derniers millésimes, on peut sentir l'évolution dans nos vins. Il faut quand même préciser que depuis quelques temps, tous les secteurs de l'entreprise sont dans cette démarche de qualité, c'est pour cela que nous avons obtenu le label RSE en 2023.
Quels sont les défis auxquels tu es confronté et comment vas-tu les surmonter ?
Je pense en premier au départ à la retraite de ma mère et de mon père. Dans cette suite logique, je vais reprendre le poste de ma mère. Il faut donc trouver un Maitre de Chai pour me remplacer et il faut que je finisse l'apprentissage de mon nouveau poste. Je reste confiant à 100%. Avec mon frère (Ndlr : Thibault Brotte), nous nous partageons bien les missions, nous nous complétons. Le second défis, auquel nous sommes tous confrontés , est bien sûr le dérèglement climatique, il faut commencer à la source, c’est-à-dire directement au vignoble puis remonter petit à petit au vin pour trouver des solutions. Nous avons bien avancé, mais nous avons encore du chemin à faire.
En vue de ton évolution de poste, comment te vois-tu dans un avenir lointain et quel projet aimerais-tu voir aboutir ?
Je me vois aux côtés de mon frère, dans une entreprise qui ne cesse de s'améliorer, de progresser. Nous avons pour ambition de développer notre notoriété. Je souhaite continuer de nous implanter un peu plus dans la vallée du Rhône et même pourquoi pas sortir de la Vallée du Rhône ou même s’implanter à l'étranger ! Tout en gardant le savoir-faire, notre identité de Maison de la Vallée du Rhône. J'ai une réflexion qui prend en compte le réchauffement climatique, et donc, nos projets devront en être le fruit.
Pour finir, quels conseils donnerais-tu à ceux qui envisagent de prendre le même chemin que toi ?
Il manque du monde dans ce secteur, viticulture, œnologie, et je pense qu'il y aura toujours une place pour les passionnés. Il faut avoir des rêves à la hauteur de ses ambitions, tout en gardant les pieds sur terre et en aillant en tête la réalité du métier.
Merci Benoît d'avoir pris le temps de répondre à nos questions !
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